Présentation

La phalloplastie est une chirurgie de réassignation génitale permettant la création d’un pénis chez les hommes transgenres. Elle constitue l’une des options chirurgicales disponibles dans le cadre d’un parcours de masculinisation du corps. C’est une intervention complexe, réalisée en plusieurs étapes, qui vise à offrir à la fois une apparence anatomique masculine et, lorsque cela est souhaité, une fonctionnalité urinaire et sexuelle. Pour de nombreuses personnes, elle représente une étape importante vers une plus grande cohérence entre le corps et l’identité de genre.

Le but principal de la phalloplastie est de permettre la création d’un pénis à l’aspect réaliste et proportionné. Elle peut répondre à différents objectifs, en fonction des attentes individuelles : uriner debout, retrouver une sensibilité érotique, pouvoir avoir des rapports sexuels pénétratifs grâce à une prothèse d’érection, ou simplement ressentir un mieux-être corporel profond. Il ne s’agit pas d’une simple intervention esthétique, mais d’un acte chirurgical ayant des implications identitaires, émotionnelles et intimes majeures.

Technique chirurgicale

La phalloplastie consiste à construire un néo-pénis à partir d’un lambeau de peau prélevé sur une autre partie du corps. La technique la plus répandue est la phalloplastie radiale, qui utilise un lambeau libre prélevé sur la face interne de l’avant-bras. Ce tissu est ensuite tubulé pour former le pénis, puis reconnecté au niveau de l’aine, avec un raccordement microchirurgical des vaisseaux sanguins et, si possible, des nerfs. Cette technique permet d’obtenir une forme naturelle et offre une bonne possibilité de récupération de la sensibilité, à condition que les nerfs sensoriels soient bien reliés.

D’autres variantes sont possibles, comme la phalloplastie abdominale ou fémorale, qui utilisent des tissus de l’abdomen ou de la cuisse. Ces méthodes présentent des avantages esthétiques en réduisant les cicatrices visibles sur les bras, mais peuvent offrir une définition du pénis légèrement différente, et une sensibilité plus incertaine. Le choix de la technique dépend de la morphologie du patient, de ses antécédents médicaux, de ses préférences et de l’évaluation faite par l’équipe chirurgicale.

Sexualité et sensibilité

La récupération d’une sensibilité sexuelle varie selon les techniques et les individus. Lorsque la connexion nerveuse est possible, notamment dans le cadre d’une phalloplastie radiale, une certaine sensibilité tactile et érotique peut se développer progressivement dans le néo-pénis. Néanmoins, cette sensibilité reste généralement différente de celle d’un pénis biologique.

Il est important de noter que le clitoris, bien que repositionné et enfoui, reste souvent accessible et sensible, permettant la préservation d’une sexualité épanouie. L’érection spontanée n’est pas possible avec un néo-pénis, mais peut être obtenue grâce à l’implantation d’une prothèse pénienne. La sexualité après phalloplastie implique souvent une redécouverte du corps, une adaptation progressive, et un accompagnement bienveillant.

Déroulement et suites opératoires

La phalloplastie est une chirurgie en plusieurs temps. La première intervention consiste à construire le néo-pénis, avec ou sans création immédiate du néo-scrotum. Une seconde étape chirurgicale est généralement nécessaire pour prolonger l’urètre afin de permettre la miction debout. Cette étape est délicate et peut entraîner des complications urinaires comme des fistules ou des sténoses, nécessitant parfois une prise en charge supplémentaire.

Après une période de cicatrisation et de consolidation, il est possible d’envisager la pose d’un implant pénien. Ce dispositif médical permet une érection mécanique du néo-pénis. Le type d’implant est choisi en fonction de la morphologie du pénis reconstruit et des souhaits du patient. Enfin, des prothèses testiculaires peuvent être insérées dans le néo-scrotum, qui est le plus souvent formé à partir des grandes lèvres ou de tissu local.

L’ensemble du processus peut s’étendre sur un à deux ans, avec des périodes de repos, de rééducation, et de suivi médical rapproché entre chaque phase.

Risques et complications

Comme toute chirurgie complexe, la phalloplastie comporte des risques. Il peut s’agir de complications immédiates, comme des hématomes, des infections, ou une mauvaise vascularisation du lambeau entraînant une nécrose partielle. Sur le plan urinaire, les complications les plus fréquentes sont les fistules (communications anormales entre l’urètre et la peau) et les sténoses (rétrécissements de l’urètre), qui peuvent nécessiter une correction chirurgicale.

La pose de la prothèse d’érection comporte aussi des risques spécifiques, notamment des douleurs chroniques, un rejet de l’implant, ou des difficultés mécaniques. Le suivi postopératoire est donc fondamental, à la fois sur le plan médical, urologique, sexologique et psychologique. La réussite de cette intervention repose autant sur l’expertise chirurgicale que sur un accompagnement global, attentif et respectueux.

Prise en charge et accompagnement

La phalloplastie s’adresse à des hommes trans adultes, informés et motivés par cette démarche. Elle nécessite une évaluation médicale complète, un accompagnement psychologique et, dans la plupart des cas, une hormonothérapie masculine préalable d’au moins un an. Chaque projet est évalué au cas par cas, en lien avec une équipe pluridisciplinaire.

La décision de recourir à cette chirurgie doit toujours être personnelle et mûrement réfléchie. Les motivations, les attentes, les éventuelles limites fonctionnelles doivent être abordées de manière transparente lors des consultations préparatoires.

En France, la phalloplastie fait partie des interventions pouvant être prises en charge à 100 % par l’Assurance Maladie, dans le cadre d’une Affection de Longue Durée (ALD). Cette prise en charge concerne les interventions réalisées dans des établissements publics ou privés conventionnés. Les frais de séjour, d’actes chirurgicaux et d’anesthésie sont alors couverts, mais certains coûts annexes (soins complémentaires, déplacements, dépassements d’honoraires) peuvent rester à la charge du patient.